mercredi 20 mars 2019

Pensons aux femmes maintenant...

10/03/2019

Deux jours après la journée internationale des droits des femmes, je reviens vers vous pour vous parler de la prochaine étape de notre projet en Casamance.
Cette fois, il s'agit d'alléger le travail des femmes dans les rizières. Depuis des siècles, partout dans le monde, elles repiquent les plants de riz. C'est une image d'Épinal mais c'est un travail éreintant qui sollicite le dos pendant de longues journées sous le soleil.
Nous avons travaillé depuis deux ans pour trouver des solutions pour alléger le travail dans les rizières mais jusqu'à présent seuls les hommes en ont bénéficié: 1/ pour labourer: financement d'un motoculteur avec charrues au lieu de retourner la terre au « kadiandou » (longue pelle en bois),
2/ pour faucher le riz: financement de faucheuses (type débroussailleuses à dos) au lieu de le faire à la faucille pendant des jours entiers, courbé jusqu'au sol. 3/ pour les transports de matériaux: remorque du motoculteur.

Les femmes repiquent les plants de riz

Depuis longtemps nous cherchions une solution simple et économique pour mécaniser le repiquage et c'est en fouillant sur le net que nous l'avons trouvée au Vietnam. Un bricoleur génial y a mis au point une machine légère (35kg), animée par les roues lors de l’avancement. Elle n'est pas chère à fabriquer mais elle divise par 4 ou 5 le travail du repiquage qui est la tâche réservée des femmes.
En fait, avec l'utilisation de cette machine, c'est leur rôle dans la culture du riz qui va changer. Avant, elles semaient en pépinière (surface réduite) puis repiquaient les plants dans la rizière un par un. A l'avenir, elles sèmeront le riz de façon à produire des “tapis” de plants de riz (semblables aux plaques de gazon que l'on trouve en jardinerie) que la machine détachera, un à un, pour les mettre en terre.
la repiqueuse en action au Vietnam

Pour les femmes, c'est vraiment une technique de pointe acquérir et nous avons la chance de pouvoir compter sur Élisabeth, la très dévouée conseillère agricole du secteur, pour la leur enseigner.
C'est un vrai progrès qui va améliorer toute la production de riz ainsi que la vie des femmes.
Bien sûr, ceux qui vont adopter le repiquage mécanique ne vont plus faire appel aux groupes de femmes qui trouvaient là de quoi gagner quelques sous mais qui coûtaient fort cher à ceux qui pouvaient se permettre de les engager et laissaient les autres se débrouiller.
On peut imaginer que le travail va se spécialiser: Des groupes de femmes qui auraient acquis la technique pourraient produire des tapis-plaques et les vendre en l'état ou bien repiquage compris. Ce n'est donc pas la fin du travail collectif.

un tapis-plaque

Nous avons choisi d'acquérir deux machines que nous devons faire venir du Vietnam. Elles sont le fruit de l'astucieuse minutie et de l'expérience des paysans de là bas mais on ne les trouve pas encore au Sénégal.
Nous venons donc faire appel à votre générosité encore une fois. Nous avons un devis de 1391 euros pour une livraison au port de Dakar. Les taxes à l'entrée au Sénégal sont d'environ 30% soit 417 euros et nous évaluons le coût du transitaire plus le transport en Casamance à 200 euros. Nos réserves s'élevant à 825 euros, il faut rassembler environ 1200 euros.
C'est l'occasion de rappeler que tous les dons reçus par l'association sont dépensés exclusivement pour financer des actions en faveur des familles en Casamance et non pour les frais de fonctionnement ou de voyage.
Merci d’avance.

Bientôt finit, ce travail dur...
                                                                 




Une année encore difficile

22/06/2018

De retour du Sénégal, voici un rapide compte rendu du projet d'Essyl.
La dernière lettre du 22 juin dernier était pleine d'espoir car nous avions équipé nos amis avec le motoculteur et les outils qui devaient permettre d'aborder la saison des pluies et les mises en culture dans de bonnes conditions.
Il est vrai que lors de ma mission du mois de mars, j’avais passé commande des matériels qui n’ont été livrés qu’après mon départ. Malheureusement, tout ne s'est pas déroulé comme je l'avais prévu. La personne qui avait promis de les mettre en route avec la charrue n'y est pas arrivé et le rouleau-culteur réalisé par un soudeur s'est avéré inutilisable. Seul le motoculteur avec sa remorque a permis les transports et les faucheuses à moteur ont servi pour la récolte mais la préparation des rizières s'est faite comme l'année dernière : pas très bien !

Transport de fumier
Comme “un malheur n'arrive jamais seul”, il a fallu que le climat fasse des siennes. Les repiquages étaient bien avancés quand, la pluie s'est arrêtée du 10 au 25 août. La terre s'est desséchée et tous les plants en terre sont morts, il a fallu recommencer: pépinière, repiquage, etc. Heureusement il a plu ensuite jusqu'au 7 octobre et cela a permis de faire une toute petite récolte. Aristide, Gaëtan et Jean-Baptiste ont sauvé moins d'un hectare chacun mais n'ont pas repiqué dans la parcelle collective du projet par manque de temps. Le riz de Jean-Baptiste est le plus beau mais il ne sera pas suffisant pour nourrir sa famille toute l'année.
La récolte est terminée maintenant. Chacun va reprendre ses activités de saison sèche, Aristide et Jean-Baptiste vont proposer leurs services avec le motoculteur et sa remorque . Gaëtan travaille comme maçon sur un projet du village pour reconstruire la digue qui protège les rizières de l'eau salée du fleuve.

Aristide fauche le riz avec la faucheuse à moteur
Vu les difficultés de cette année et voyant une possibilité de nous libérer en ce début décembre, nous avons décidé, Rodolphe Puig, nouvel adhérent de l'association et moi de nous rendre une semaine en Casamance pour résoudre les problèmes de matériels.
Malgré ses récoltes en cours, Aristide s'est rendu totalement disponible pour nous conduire et négocier avec les différents artisans.
Nous avons fait modifier la disposition des dents, renforcer l'attelage et monter des roues amovibles sur le rouleau-culteur.
Pour la niveleuse, nous nous sommes adressé aux ateliers diocésains, petite structure qui nous a semblée fiable et compétente. Ils vont aussi réaliser une roue lestée qui se fixera au motoculteur pour contrebalancer le poids du moteur lorsqu'il n’est pas attelé à un outil assez lourd.

Le rouleau-culteur enfin au point
 Enfin, le problème de la charrue a été résolu très rapidement. C'est vrai qu'on ne passe plus beaucoup de temps sur le réglage des charrues à l'école!
Ces six jours ont été très productifs grâce à l'équipe de choc que nous avons composé avec Rodolphe et Aristide. Mais ce dernier doit faire attention de bien impliquer ses associés pour qu'ils se sentent vraiment responsables et que le projet soit durable. Ce genre de mission est important pour résoudre les problèmes techniques mais aussi pour maintenir la motivation de leur côté. Claire et François DYEVRE projettent de s'y rendre au mois d'août. Nos amis sont déjà prévenu et vont tâcher de se montrer à la hauteur. Pour moi, une visite par an serait un minimum à assurer.

Gaétan apprend à labourer avec le motoculteur
Enfin, les voilà parés pour la prochaine saison. On espère que les pluies seront abondantes et qu’ils obtiendront de bonnes récoltes mais il y a encore beaucoup à faire pour améliorer l'autonomie alimentaire et diminuer la pénibilité du travail des femmes. Pour une famille, si les besoins en nourriture sont autoproduits, cela permet de disposer du peu d'argent dont elle dispose pour d'autres usages essentiels tels que la santé et l'éducation.
D'autre part, notre projet peut paraître modeste en nombre de personnes bénéficiaires aujourd’hui mais il est très innovant par les outils que nous mettons au point. Nous attendons qu'il fasse tâche d'huile et que les agriculteurs de la région les adoptent et voient leurs récoltes augmenter.
Encore un grand merci pour votre soutien. Joyeuses fêtes à tous.




Enfin le motoculteur à Essil

22/06/2018

Cher(e)s Ami(e)s,
La saison des pluies approche et il est temps de vous donner des nouvelles de notre projet en Casamance.
Comme vous le savez la récolte de riz 2017 a été décevante. Les trois familles d’Essil y ont mis toute leur énergie avec mais le retard pris au labour a tout décalé et le riz n’est pas arrivé à maturité par manque d’eau en fin de saison.
Cette année, grâce à vos participations, les agriculteurs vont disposer du motoculteur avec ses charrues à disque et d’autres petits matériels qui vont leur permettre de travailler dans de meilleures conditions et d’obtenir des récoltes satisfaisantes.
Je me suis rendu au Sénégal du 15 au 24 mars pour négocier le motoculteur et ses accessoires et étudier sur place les conditions de la prochaine campagne rizicole.
J’ai beaucoup échangé avec les membres des trois familles engagées dans le projet. Ils ont constitué un GIE et se sont partagé les responsabilités. Aristide,Président, Angèle, vice-présidente, Anna, trésorière, Gaétan, Commissaire aux comptes et responsable du matériel, Delphine, responsable des cultures( pépinières) et du groupe des femmes, Jean-Baptiste responsable des travaux ( préparation des terres),
Gaétan, Delphine et Emilie
 J’ai aussi rencontré Elisabeth, la conseillère agricole, qui prend son travail très à coeur. Nous nous sommes rendu sur la parcelle et avec les associés, nous avons fait le point sur les travaux à effectuer avant les pluies qui sont attendues pour la fin du mois.
Depuis mon retour, le matériel a été livré au village et le mécanicien qui a fait la mise en route a montré aux agriculteurs comment les utiliser. Nous attendons toujours des photos promises par Aristide mais il a des problèmes avec son smartphone actuellement..

Angèle, Aristide, Elisabeth et Jean-Baptiste
 C’est donc le motoculteur de 17 chevaux avec ses charrues à disque, sa remorque ainsi que deux faux à moteurs qui ont été achetés pour un montant de 3960 euros. Un rouleau et une niveleuse ont été commandés à un menuisier métallique de Ziguinchor. Ce sont des outils introuvables au Sénégal mais nécessaires pour préparer le terrain avant le repiquage. Aristide qui a un bon coup de crayon a dessiné des plans sommaires pour montrer au soudeur ce que nous voulons. Les matériaux pour construire le rouleau coûtent 320 euros. La niveleuse qui est essentiellement en bois devrait coûter moins cher.
La niveleuse, dessin par Aristide
Parmis les problèmes que nos amis ont rencontré lors de la saison 2017, il y avait la divagation des bovins qui ont mangé une partie de la récolte. Après discussion avec les agriculteurs et la conseillère, nous avons donc pensé à une clôture électrique qui serait plus vite posée et pour un coût raisonnable.

Actuellement, c’est la fin de la saison sèche en Casamance. Les agriculteurs ont souvent une activité secondaire pour ramener un peu d’argent pour les besoins de la famille. Gaétan fait de la maçonnerie. Il a travaillé pour la commune sur les ouvrages de la digue anti-sel qui protège les rizières du village. Aristide s’est procuré un tricycle motorisé pour faire des petits transports entre les villages. Jean-Baptiste est pécheur mais depuis quelques mois, il est fatigué. Il souffre de diabète qu’il soignait avec la médecine traditionnelle jusqu’à présent or son état s’est dégradé et finalement sur mon insistance, il a été hospitalisé quelques jours.
La maladie de Jean-Baptiste a perturbé le projet car c’est lui qui devait utiliser le motoculteur et sa remorque pour faire aussi des transports. L’important c’est qu’il soit rétabli pour participer aux travaux des champs.




Ouff, ça fait trop longtemps que vous n'avez pas eu de nouvelles...Entretemps pas mal de choses se sont passées. Nous allons publié des articles un peu datées pour tout mettre à jour. Merci de nous pardonner de cela.